juillet 29, 2014

Votes des villes, votes des campagnes ... le Front National aux européennes de 2014 en Ile-de-France

Le phénomène du gradient d’urbanité inscrit les scores du Front National dans un clivage « Ville-Campagnes » déjà révélé par les géographes Loïc Ravenel, Pascal Buléon, Jérôme Fourquet dans des travaux sur les résultats de la présidentielle de 2002. La Seine-et-Marne, territoire rural, rassemble les résultats les plus élevés du parti d’extrême-droite.

Abstention par commune

janvier 24, 2010

Skyline et poétique urbaine à Varsovie


La ligne d'horizon urbaine de Varsovie, composition moderne et brutale, est le premier élément visuel observable  de loin quand on arrive en voiture dans la capitale polonaise. La ville bâtie au bord de la Vistule a subi durant son histoire de multiples destructions, si bien qu'une grande partie de son urbanisme est hérité du 20ème siècle. L'"hypercentre" de la ville constitue aujourd'hui l'évènement urbain le plus marquant de ce paysage découpé par ces axes de circulations larges, territoires de l'automobile. Le monumental Palais de la Culture, "cadeau" de Staline à la ville qui constituait autrefois un symbole de grandeur technique et symbolique, contraste depuis avec l'ensemble de tours plus modernes et plus hautes qui l'entoure. La tour Marriott, et les autres tours construites dans les années 2000, impose un certain "cachet métropolitain" non sans rappeler les autres skylines des villes-monde. A l'intérieur des bâtiments, des enseignes internationales se sont installées : banques, commerces, bureaux d'affaires... On est au cœur de la course des métropoles mondiales que la sociologue Saskia Sassen évoquait en approchant le concept de global city, dans lequel le contrôle de l'image urbaine est un des enjeux  forts. La nuit tombée, la skyline s'illumine. Au 40ème étage de la tour Marriott, un panneau géant  fait défiler un message publicitaire pour le bar panoramique situé à son sommet. Point de vue superbe pour admirer le défilé urbain nocturne de la ville à la tombée de la nuit. C'est le Varsovie by night qui se découvre, ses  boites de nuit - Platinium, Lolek, Hot-L... - ses restaurants ou encore ses soirées électros sur les rives de la Vistule, au coeur de la jeunesse varsovienne. Si pour beaucoup de polonais Warsawa n'est pas la plus belle ville du pays, elle n'a pas fini de se développer dans ce sens. Ainsi pour le politologue américain George Friedman, la Pologne du fait de sa situation stratégique entre l'Ouest de l'Europe et la Russie redeviendra une grande puissance. A l'heure où le retour de "l'Europe des villes et des réseaux" touche le continent, le processus de métropolisation de Varsovie est loin d'être terminé, la place de la capitale en Europe va encore grandir.

Photos: Alexandre Laignel






décembre 18, 2009

Paris dans 20 ans... il y a 40 ans

L'image joue un rôle majeur dans la démarche de "Grand Paris" du Gouvernement, confiée aux 10 équipes d'architectes. Cartographie, croquis, perspectives... l'outil graphique devient souvent le principal support de communication du projet. Il y a 40 ans aussi, à l'heure de l'ascension du modernisme en France sous le Gouvernement De Gaulle et des Trentes Glorieuses, le "poids des images" dans la communication de masse est décisif. Le numéro 951 du journal Paris Match paru en juillet 1967 présente les traits d'un projet "choc" où le béton, la verticalité, et la dissociation des flux marquent un paysage parisien bouleversé.

Merci à Antoine Zbinden, l'ami urbaniste improvisé archéologue qui a déniché ce vieux numéro de Paris Match.



 








décembre 02, 2009

Les collectivités locales ont besoin des compétences des urbanistes

Tribune à lire dans le journal l'Humanité

Francis Beaucire - Professeur d'Aménagement et Urbanisme et Directeur du Master Aménagement et Urbanisme de l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne
Sylvie Fol - Professeure d'Aménagement et Urbanisme et Directrice du Master 1 Aménagement et Urbanisme de l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne
Isabelle Géneau – Maître de conférences en Géographie et Aménagement à l’Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne
Baptiste Danel - Urbaniste-Géographe - Délégué du Collectif National des Jeunes Urbanistes
Alexandre Laignel – Urbaniste-Géographe – Vice-président de l’association des étudiants en Urbanisme de l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne

Alors que le projet gouvernemental de réforme territoriale dessine le fonctionnement futur des collectivités locales, depuis 2 ans, les diplômés en urbanisme voient peu à peu se fermer les portes du concours d’ingénieur territorial option urbanisme. En cause, le durcissement de l’application de deux décrets (1) de 2002 et 2007 relatifs aux équivalences de diplômes. Seuls les diplômés de formations « techniques et scientifiques » (ingénieurs, architectes et géomètres) peuvent désormais s'y présenter. Ce retour en arrière occulte la véritable dimension des métiers de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire qui nécessitent une formation à la croisée des disciplines, notamment des sciences sociales. Cette évidence ne semble en tout cas pas admise par la direction des concours du CNFPT chargée de l'application des décrets. A croire que les résultats de l'application de modèles mathématiques et de la technicisation de l'urbanisme - que sont les grands ensembles ou les hypermarchés périurbains - n'ont pas montré leurs limites !

Les candidats au concours ont vu les lettres de refus tomber par centaines cette année (1600 selon la direction des concours du CNFPT fin juin). Par exemple, sur les 30 diplômés du Master d’urbanisme de l'Université Paris 1 en 2008, les 5 candidats ont été écartés par la Commission d'Equivalence des Diplômes de la session orale, et cela en dépit de leur réussite à l'épreuve écrite d'admissibilité. Avec un diplôme de niveau bac + 5 en urbanisme, ils n'étaient pas suffisamment qualifiés... pour prendre part au pilotage des politiques urbaines de nos collectivités locales. Les effets de ces décrets - limitant l’accès au concours aux seuls titulaires de diplômes « scientifiques et techniques » - sont déroutants : un diplômé en biologie a plus de chance de piloter la révision d’un Plan de Déplacements Urbains ou d’un Plan Local d’Urbanisme qu'un autre issu d’une formation en urbanisme !

Cette situation apparaît d’autant plus ubuesque que les plus de 1500 ingénieurs territoriaux issus de l'Université ont fait leurs preuves auprès des décideurs locaux, qui reconnaissent et recherchent leurs qualités pour piloter leurs politiques urbaines.

L’émulation d’idées autour de l’intercommunalité, ainsi que le développement d’une pensée urbaine mêlant urbanisme et transport (loi SRU), a montré l’indispensable dépassement du cloisonnement disciplinaire pour répondre aux enjeux des villes du 21ème siècle : développer les mobilités en lien avec les logiques d’urbanisation, désenclaver les territoires, ou encore atténuer les ségrégations sociospatiales. L'urbaniste y joue un rôle clef aux côtés des élus qui font la ville de demain, qu'il éclaire de ses compétences en diagnostic et prospective, développées au croisement des différents champs disciplinaires. Ces décrets renversent ainsi le mouvement d’échange transdisciplinaire impulsé par l'avènement du développement durable au cœur des politiques publiques.

Si le CNFPT a juridiquement raison en appliquant la loi, il a politiquement tort au regard des conséquences de son application : nombre de collectivités locales vont être contraintes de se passer de profils correspondant à leurs besoins. Pourtant, en l’état actuel du régime statutaire de la fonction publique territoriale, le grade d’ingénieur territorial est le seul permettant d’exercer toute la palette de métiers de la ville au sein de nos collectivités locales.

15 associations (2) d'étudiants et diplômés des formations en urbanisme ont créé le Collectif National des Jeunes Urbanistes. Soutenu par les organisations professionnelles et universitaires de l'urbanisme (3), le CNJU a publié un projet de Lettre ouverte sur son site Internet (4) à destination des ministres PECRESSE, WOERTH et MARLEIX qui a déjà reçu plus de 3000 signatures dont celles de nombreux urbanistes renommés. Des parlementaires ont adressé des questions écrites au gouvernement et de nombreux élus dont les présidents de l'AdCF, de l'AMF, du Forum pour la gestion des Villes, de l'ANAH, de l'ANRU ou de l'USH, ont signé la Lettre ouverte. Ces élus considèrent que l'urbanisme n’est pas une science d'État mais une politique publique décentralisée et demandent au gouvernement de « revoir sa copie » : la réécriture de ces décrets est indispensable et doit rétablir l'accès des urbanistes au concours dès la session 2010.

(1) Décret n° 2002-508 et décret n°2007-196
(2) AIPT (Ecole Polytech'Tours), Assoc'IATEUR (Institut d'Aménagement du Territoire et d'Environnement de l'Université de Reims), EAUB (Institut d'Aménagement, de Tourisme et d'Urbanisme de Bordeaux), ENVAR (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de Lille), ENVOL (Institut d'Aménagement et de Développement Territorial de Toulouse), GéoArchi (Institut de Géoarchitecture de Brest), Magistram (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne), TransPers (Université Lyon 2 et Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat), Urba & Co. (Institut d'Urbanisme de Grenoble), Urba & Urbi (Institut d'Urbanisme de Lyon), Urbam's (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de Paris - Sorbonne), Urba Plus (Institut d'Urbanisme de Paris), UrbaPonts (Ecole Nationale des Ponts et Chaussées), Urba'Voc (Institut d'Aménagement Régional d'Aix-en-Provence), Urbi (Institut Français d'Urbanisme)
(3) APERAU, CFDU, SFU et UT
(4) http://www.acces-urbanistes-fpt.fr